Millepertuis
Hypericum perforatum, St-John's Wort
Efficacité
- Utilisations pour lesquelles le produit semble efficace :
Dépression légère à modérée (utilisation populaire) - Utilisations dont l'efficacité est possible mais reste à confirmer :
États d'anxiété, nervosité
Ménopause (symptômes)
Syndrome prémenstruel - Utilisations sans preuve d'efficacité :
Infection à VIH et hépatite C
Inflammation
Trouble obsessif-compulsif
Vitiligo
Sécurité
- Potentiel d'interactions médicamenteuses : Important
- Effets secondaires : Peu fréquents
Description
Partie de la plante utilisée: fleurs et feuilles
Le millepertuis est une plante dont les vertus médicinales sont appréciées depuis longtemps. Les usages proposés pour cette plante sont nombreux. On retrouve le millepertuis à l'état sauvage un peu partout en Amérique de Nord, en Europe et en Australie. En période de floraison, il présente de jolies fleurs jaunes de forme étoilée très caractéristiques. L'hypericine a été longtemps associée aux propriétés pharmacologiques du millepertuis, mais on sait aujourd'hui que l'hyperforine ainsi que d'autres molécules sont les principaux responsables de l'activité antidépressive. On retrouve le millepertuis sous forme de capsules, de comprimés et d'extraits liquides standardisés à 0.3% d'hypericine ou entre 3 à 5% d'hyperforine.
On pense que l'effet antidépresseur du millepertuis s'explique par une diminution de la recapture de la sérotonine, de la norépinéphrine et de la dopamine au niveau des synapses. De plus, il aurait une action au niveau d'une enzyme, la monoamine oxydase (MAO) mais l'effet serait très faible. D'autres mécanismes impliquant d'autres substances au niveau de cerveau pourraient également expliquer l'action du produit.
Mode d'emploi
- Dépression légère à modérée :
Dose utilisée : 300 mg d'extrait standardisé 3 fois par jour, avec les repas. L'effet ne se fait sentir que quelques semaines après le début de la thérapie. Par la suite, les doses d'entretien recommandées sont de 300 à 600 mg par jour.
Pour toutes les autres indications, les données actuelles sont insuffisantes pour conclure à une efficacité quelconque. Des chercheurs étudient l'action de l'hypericine sur le virus responsable du SIDA, le VIH. Ils ont déjà démontré que la prise orale de millepertuis n'avait aucun effet sur le VIH.
Précautions
- Effets secondaires
Pour la plupart des individus, le millepertuis ne présente pas de toxicité sérieuse. On peut parfois observer de la fatigue, des malaises gastro-intestinaux, de l'insomnie, de l'agitation, de l'anxiété, de l'irritabilité, des étourdissements, des maux de tête, une sécheresse de la bouche, et parfois une allergie ou une réaction au soleil. Il pourrait également causer de la dysfonction sexuelle. Son effet inhibiteur sur les monoamine oxydases (MAO) pourrait provoquer, chez certains individus, des réactions indésirables sérieuses à la suite de la consommation d'aliments riches en tyramine (exemple : certains fromages vieillis et vins rouges). Mais cet effet est faible et le risque réel demeure mal défini. - Contre-indications
Il est préférable d'éviter le millepertuis chez les patients atteints de maladie bipolaire, de schizophrénie, de dépression majeure ou de la maladie d'Alzheimer. Éviter en présence de problèmes hépatiques. - Interactions
Le millepertuis peut diminuer l'effet de la cyclosporine (Neoral), de la digoxine (Lanoxin), du tacrolimus (Prograf), de la théophylline, de la nifédipine (Adalat), de certains médicaments contre le VIH, de certains médicaments contre le cancer, des contraceptifs oraux ou des anticoagulants (Coumadin, Sintrom). Le millepertuis peut augmenter l'effet du sibutramine (Meridia) et de certains antidépresseurs, ce qui pourrait augmenter les risques d'effets secondaires (nausées, fièvre, tremblements, agitation, étourdissements, palpitations, et confusion). Il pourrait également augmenter la toxicité des anesthésiques volatils utilisés en chirurgie. L'effet sédatif des narcotiques peut être accentué par le millepertuis. À l'inverse, l'effet sédatif des barbituriques peut être réduit. Si vous prenez déjà des médicaments, vérifiez avec votre pharmacien s'ils sont compatibles avec le millepertuis avant d'en consommer. - Grossesse et allaitement
Le produit pourrait être tératogène et on recommande de l'éviter durant la grossesse. Son utilisation durant l'allaitement n'est pas contre-indiquée, mais ce n'est pas un agent de première intention. Il est conseillé de surveiller les signes de sédation chez l'enfant exposé, surtout chez le nouveau-né (moins de 2 mois).
Notes cliniques
- Le millepertuis est une plante qui bénéficie d'une évidente popularité. Il s'agit probablement d'une des plantes les mieux étudiées. On suggère de diminuer graduellement les dosages de millepertuis durant une à deux semaines lorsqu'on veut interrompre un traitement afin d'éviter un potentiel syndrome de sevrage.
Mise en garde
En 2004, le Canada a adopté une réglementation pour contrôler la fabrication, l'emballage, l'étiquetage et l'importation des produits naturels. La nouvelle réglementation comprend aussi un système de rapport des effets indésirables. Les produits qui sont conforme aux critères du règlement sont identifiés par un numéro de produit naturel (NPN) et peuvent légalement être commercialisés au Canada. Ce numéro indique que les produits répondent à des normes spécifiques de sécurité et de pureté, pas qu'ils sont efficaces dans une quelconque indication.
Le contenu des plantes médicinales varie naturellement d'un plant à un autre - tout comme les fruits d'un même emballage peuvent avoir des textures et des goûts différents. Il n'existe pas de méthode reconnue pour mesurer les quantités de substances actives dans chaque plante. Il faut donc s'attendre à ce que l'efficacité des produits naturels varie d'une marque à une autre et même d'un pot à un autre pour un même produit.
Pour plus d'information sur le Règlement sur les Produits de Santé Naturels ou pour vérifier si un produit a été évalué, visitez le site de Santé Canada au www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/prodnatur/index-fra.php.
Références
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- Natural Medicines Comprehensive Database, Therapeutic Research Faculty, 2010
- Lininger S. et Al. The Natural Pharmacy, Prima Health, 1998
- Barnes J. et Al. Herbal Medicines, 2e édition, Pharmaceutical Press, 2002
- Pierce Andrea, Practical Guide to Natural Medicines, 1999
- Passeportsanté.net. Créatine. www.passeportsante.net
- Rotblatt M. et Ziment I. Evidence-Based Herbal Medicine, Hanley & Belfus, 2002
- Herbal Companion to AHFS DI, American Society of Health-System Pharmacists, 2001
- Scott GN. St. John's Wort and Oral Contraceptives, Pharmacist's letter, No. 190706 Juillet 2003
- Taylor J. CE: Phytomedicinals: Uses, precautions, and drug interactions. Drug Topics 2003;1:79
- Natural Therapeutics Pocket Guide, 2000-2001
- The Review of Natural Products, 6e édition, 2010
- Santé Canada, Base de données d'ingrédients de produits de santé naturels
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